Hardangervidda (Norvège)

Date: 18 au 31 juillet 2017
Groupe : Passeport Expe
Récit de Julien Hendrix 

Introduction

Passeport est un mouvement de jeunesse bruxellois qui propose des activités sportives pendant l’année, des mini-trekkings trois fois par an et puis des grands raids l’été. En rhéto, les jeunes sont mis à contribution pour leur raid d’été. Ils doivent décider et organiser eux-mêmes le trekking. Un ou deux accompagnateurs les suivent et les guident durant l’année. Je n’ai repris le projet que début avril car le précédent accompagnateur n’était pas disponible pour le raid. En quelques semaines, il faut booster les 6 jeunes pour décider des moyens de transports, gérer la location de matos, faire les listes de courses,…

Préférant avoir un autre accompagnateur avec moi, je convaincs Laurent en mai de participer à l’aventure.

Courses chez Färm (pour le vrac bio !) et au Colruyt le 17 matin, répartition de la nourriture dans les sacs l’aprèm, on est fin prêt pour partir.

18 juillet : avion et clochards

L’avion des jeunes vers Oslo est à 15h tandis que le mien est à 19h et celui de Laurent à 20h. Bravo pour la coordination… Les jeunes sont partis en reconnaissance et ont trouvé un petit parc idéal pour passer la 1ère nuit à la belle étoile. On les rejoint vers minuit et on installe nos matelas. On n’ose pas monter les tentes car c’est toujours interdit en ville, même en Norvège. On se lance des « hot combien » et je dois monter sur la statue d’élan et crier « yiiiiiaaaaaahhhhh ». Premier fou rire du voyage quand Laurent déballe son nouveau sac de couchage XXL acheté au décathlon avant de partir. Il lui arrive… au torse !! Probablement une erreur entre la house et le sac de couchage. Il caille bien toute la nuit.

Des toxico ont passé l’aprèm pas loin, il parait qu’ils se baladaient avec une aiguille dans les fesses… ils partent quand on s’endort.

19 juillet : Vers Finse et premiers kilomètres

On a réservé le train pour midi. Il faut qu’on ait le temps d’acheter de l’essence blanche pour nos réchauds MSR. Laurent en profite pour racheter un sac de couchage un peu plus grand… Ensuite on se pose à un autre parc avec des jeux d’échecs géants, une sorte de slackline, notre frisbee et un réverbère à escalader.

On a 4h de train jusqu’à Finse, village au bord du parc national et d’où s’offre une magnifique vue sur le glacier. On est déjà à 1200m d’altitude. On a failli oublier la carte dans le train d’ailleurs.

On démarre sans tarder sur le sentier qui contourne le glacier. Le sol est gorgé d’eau de fonte, au point de devenir des marécages de temps à autre. Heureusement des passerelles en bois sont aménagées aux pires endroits. On marche relativement vite malgré les presque 20kg sur le dos. On a essayé de réduire au maximum le poids des sacs mais 10 jours d’autonomie ce n’est pas rien.

On passe le long du lac sur un barrage, on traverse l’une ou l’autre rivière par des ponts en bois, l’ambiance est bonne et il fait grand bleu ! Quelle joie de se dégourdir enfin les jambes. Après 2h30 de marche, on plante les tentes au bord d’un lac. Les moustiques sont présents mais pas si oppressants que cela. Je monte méditer sur la colline avec Laurent, le spectacle est splendide. Menu de ce soir : couscous et sauce déshydratée préparée la veille du départ avec la machine de CapExpé. Pas mauvais mais on aurait dû cuire les haricots rouges avant de les mettre dans la sauce…

Un petit jeu de whist en attendant la nuit et les étoiles qu’on espère voir briller. La nuit, enfin plutôt la légère obscurité, arrive vers 11h. A peine une étoile en vue. On met un réveil à 2h45 en se disant qu’il y aura un maximum à voir à ce moment-là. Mauvaise prévision, toujours rien à voir excepté un ciel bleu foncé.

J’ai un chouilla froid mais la température reste relativement correcte et je me suis bien équipé. Laurent se fout de moi car j’enfile un sous-vêtement thermique, 1 t-shirt et mon polard ainsi que mon sous-vêtement thermique pour les jambes, mon pantalon, des gants, un bœuf et un bonnet. Il faut bien compenser mon sac de couchage pas terrible.

20 juillet : au paradis enneigé

Lever 9h, tranquille. On est un peu lent mais c’est normal le 1er matin. Départ 10h20. On serpente entre les lacs, en légère montée. On travers quelques plaques de neige durcies où les bottines tiennent bien. Mon bâton de marche m’est bien utile. On passe un col et on redescend côté sud, avec moins de neige mais de beaux passages dans les rochers. On croise quelques randonneurs.

On pique-nique au bord d’un lac en face du glacier, endroit paradisiaque. Laurent cherche l’ombre, on a presque trop chaud en plein soleil. La pause se prolonge pendant 2h30 car la sieste est délicieuse au soleil, on dore 1h30. Le sentier descend de plus en plus bas, et on arrive donc dans des marécages. Gare au faux pas car la bottine se trempe alors de l’intérieur, ce qui n’est pas agréable pour la suite (n’est-ce pas Laurent ?). Je suis content de mes bottines mais elles ont des limites, tout le monde fini les pieds trempés. Paul mène souvent la marche, il a du talent pour trouver les meilleurs passages avec des pierres. On passe un pont avec un bon torrent en dessous, impressionnant.

Encore une heure de marche (la 6ème environ) jusqu’à un immense lac qu’on longe pour atteindre le refuge. La dernière heure est vraiment dure pour les nerfs. On n’avance pas si vite avec toutes ses flaques-mares et c’est une attention de tous les instants. Enfin nous voilà en vue des habitations, mais le chemin est barré. On envoie deux émissaires pour faire une reconnaissance mais ils reviennent bredouille : pas réussi à traverser le torrent. On continue donc, et on se rend compte que le chemin balisé mène aussi au refuge… Par contre c’est payant et interdit de planter nos tentes à moins de 150m du refuge. On se trouve un endroit sympa un peu plus loin, il est 20h30 ! Petit débarbouillage dans la rivière et cuisine en vitesse. A la condition qu’il n’y ait pas trop de vent, les moustiques rappliquent quand ils sentent la chair fraiche et la chaleur du réchaud. On se protège comme on peut mais ce soir ce sont de vraies nuées. Pour le soir, on alterne entre pâtes, couscous et riz. Les sauces en poudre Knorr font l’affaire pour le gout et on ajoute en général un oignon et/ou des pois cassés. Ne pas oublier des cubes de bouillon !

Débriefing de la journée avec un tour de table des impressions et des attentes. Ensuite chacun se réfugie dans sa tente (2 pour les jeunes et une pour moi et Laurent). Jeu de carte puis dodo vers 23h30, on est bien claqués.

21 juillet : pluie et marécages

Les moustiques nous assaillent dès le matin car il n’y a pas de vent aujourd’hui. On marche vite pour les semer. Il fait nuageux et on avance aussi pour avoir chaud (il doit faire 10-15°). On monte et on arrive sur un grand plateau avec de belles vues dégagées. Le sentier est un peu plus facile que les autres jours et on peut donc lever les yeux plus souvent plutôt que d’observer les pierres et les flaques du sentier.

On se dirige vers Dyranut où passe la nationale qui relie Bergen et Oslo. C’est quasiment la seule route qu’on croisera. Une heure de marche supplémentaire dans la vallée après le pique-nique avant la pause près d’une cabane. Dom de Capexpé nous a remis précieusement une clé « qui ouvre tous les refuges de Norvège ». On aura beau l’essayer sur tous les bâtiments qu’on croise, elle n’aura jamais ouvert la moindre serrure… Grosse déception du groupe, on s’imaginait tellement découvrir des trésors dans des cabanes.

Il nous reste 2h30 de marche dont une belle montée. La pluie s’est remise à tomber et on s’enferme dans nos capuches. Le sol est devenu lac, mais vient un moment où les chaussures ont atteint la saturation. On peut marcher sans stress dans les marécages, cela ne change plus rien. Les bottines de Paul font un beau bruit du genre « flotch flotch ». On est soulagé en voyant enfin le refuge qui était indiqué sur la carte. La joie est de courte durée quand on se rend compte qu’il est fermé… heureusement une cabane de survie à côté nous permet de nous mettre au sec sur un plancher. Ce n’est qu’une petite vingtaine de mètres carrés mais c’est déjà beaucoup. On cuisine à l’intérieur et on essaye de faire sécher ce qui peut l’être. Dodo à 19h car tout le monde est crevé. Je fais une dernière manille avec Laurent avant de sombrer dans le sommeil.

22 juillet : brouillard et éclaircie humaine

Après une nuit de 14h (oui oui !!), on est frais pour une nouvelle journée de marche. Le matin, on a le choix entre du porridge (les flocons d’avoine en vrac ça ne coûte rien et ne pèse rien. Un peu de sucre et c’est excellent), du muesli ou des crunchy. Les marécages d’hier ne se sont évidemment pas asséchés, mais de toute façon nos bottines sont encore trempées d’hier… Ce matin, on doit même traverser une rivière en enlevant nos chaussures car il n’y a pour une fois pas de passage sur les pierres. Le courant est puissant, les bâtons sont utiles. On arrive sur un plateau assez plat couvert de brouillard. On garde un bon rythme de marche pour ne pas avoir froid. Une pause spéculoos sur la matinée, rien de plus.

On pique-nique après 3h30 de marche, il nous reste 1h30 de descente jusqu’au refuge d’Hadlesgard. On dit bonjour au gardien qui ne parle pas anglais. Des touristes norvégiens arrivent et une dame nous fait gentiment la traduction. On obtient de pouvoir sécher nos affaires (chaussures et chaussettes puantes comprises) au-dessus du poêle, le rêve ! Voulant compenser, on achète 5 sachets de chocolat chaud qu’on déguste dans des tasses du refuge. Cela nous permet de nous asseoir dans le réfectoire au chaud. C’est assez luxueux comme refuge, on ne se sent pas trop à notre place. Certains des touristes nous regardent bizarrement, d’autres nous sourient. On analyse la carte et on joue aux cartes. Quand une touriste vient nous demander de bouger nos affaires sèches pour laisser de la place aux autres on est désolé, on avait oublié que d’autres ont aussi des affaires mouillées. Le gardien nous invite à installer nos tentes juste à côté, trop sympa. On profite aussi d’avoir accès à de vraies toilettes.

23 juillet : Ascension du Harteigen

Dès le réveil, la dame qui parle anglais vient nous proposer de finir le porridge qu’ils n’ont pas terminé. On se délecte de cette nourriture supplémentaire, sachant qu’on est souvent assez juste niveau quantité. On ne crève pas de faim mais on pourrait manger plus, tant le matin que le midi et le soir. Pendant qu’on replie nos tentes, elle vient encore nous offrir des portions de nourriture déshydratées en sachet, poids minimal pour une énergie optimale ! On accepte volontiers et on leur donne en échange 1L d’essence qu’on a en trop. Dom nous avait conseillé une demi-bouteille par jour mais c’est beaucoup trop ! On aura fini par consommer 2L en tout. On comprend petit à petit que le gardien nous a pris en sympathie et on prend une photo souvenir avec lui. Il est grand et massif mais tellement doux et ouvert, bien que ne parlant pas notre langue. Au moment de partir, après une poignée de main chaleureuse, il me glisse dans la main un billet de 500 couronnes, équivalent de 50€ ! J’essaie de refuser mais il insiste et je mets tout mon cœur à le remercier. Quel homme extraordinaire.

On remonte la vallée vers le sommet du parc national, le mont Hårteigen.  L’ascension nous prend 3h pour 500m de dénivelé. Gilles pars devant mais nous a toujours en vue, comme demandé l’autre jour. On grimpe les plaques de neige avec précaution car la pente est assez forte. Le sommet est inaccessible (c’est de la pure escalade) mais la vue est déjà incroyable du sentier à 1600m. En haut, le vent est fort et on trouve une corniche où s’abriter pour pique-niquer et observer le panorama.

On redémarre après quelques photos et 1h de pause. On marche 1h30 entre la neige et les ruisseaux. Il faut faire attention que les plaques de neiges ne rompent pas sous nos pieds et ne nous envoient dans la flotte. On s’arrête au bord d’un grand lac à 1400m d’altitude lorsqu’on déniche un endroit abrité du vent. Il est 16h et on est bien, au soleil. Sieste et observation des environs, notamment les icebergs sur le lac. Les jeunes trouvent une vasque juste en aval du lac. Ni une ni deux Gabriel et Paul prennent le challenge d’aller complètement dedans. Une eau de fonte à 1400m d’altitude avec des icebergs dans le lac, c’est un tout petit peu frisquet… j’estime l’eau à quelques degrés. Paul y parvient le premier, suivi de Gab. Je veux défendre l’honneur des accompagnateurs et passe mon cerveau en mode off. Une pompe dans l’eau glacée, tête comprise, yes !!

On joue à Loup-garou et Time bomb ce soir. J’ai depuis le début de très chouettes discussions avec Laurent sur son voyage d’un an, sur le raid, la méditation, la vie. On s’écoute et on se comprend sans spécialement toujours partager le même point de vue, c’est génial.

24 juillet : une journée de plus au pays des paysages somptueux et… de la pluie

Il pleut un peu ce matin, on ne s’éternise pas. On a 2h de marche jusque Litlos légèrement en descente. On est autorisé à s’asseoir dans le salon du refuge pour pique-niquer, trop chouette. Tant qu’on est là, on n’a aucune envie de retourner dans la pluie dehors et la pause se prolonge avec un jeu de carte. Le sentier de cette aprèm longe un lac, puis un deuxième. Charles a un peu mal au tendon d’Achille, avec d’autres chaussures cela va mieux. Les organismes commencent à fatiguer après 6 jours de marche. D’un autre côté, la marche devient naturelle, presque automatique. Le sac s’allège petit à petit et c’est devenu une seconde nature de le porter. On n’a plus besoin de pauses non plus, quoi qu’on adore toujours autant manger les snacks…

Chacun à son tour doit raconter une histoire anecdote pour faire passer le temps. Les bottines sont relativement sèches depuis 2 jours, c’est agréable. On trouve une zone d’herbe sympa pour installer nos tentes au bord du lac après 3h de marche depuis le refuge. On voit un autre couple un peu plus loin et quelques touristes en canoë mais globalement il y a peu de monde sur ces sentiers. Comme les derniers jours, on est dans nos tentes assez tôt.

25 juillet :

On continue à longer le lac sur des éboulis qui sont rudes pour les chevilles. En plus ça glisse. On cherche des gens à qui donner la carte du jeu de carte qu’on a oublié dans notre poche en quittant le refuge hier midi. Mais personne n’a l’air de passer par là. On croise un groupe de jeunes néerlandophones sympa avec qui on parle quelques minutes. Une énorme table de pierre est idéale pour le pique-nique, on se demande comment ils ont bien pu la placer là…

On continue de descendre dans la vallée vers un autre immense lac. Les paysages sont toujours aussi magnifiques, on se délecte à chaque instant. En plus aujourd’hui il fait beau. Après un sentier dans la forêt (pour une fois), on passe par une route et un parking avant de longer la rive. Il doit bien y avoir un sentier au lieu de ces rochers éreintants et je pars donc à sa recherche, un succès après quelques minutes. Le sentier est couvert de grosses pierres, ce n’est donc pas si facile, mais c’est déjà mieux et c’est relativement plat. On trouve finalement un endroit où planter notre tente, encore une belle journée de marche. Les cascades sur la montagne en face sont vraiment hautes et fascinantes bien qu’on les voie de loin.

Tout le monde nage ce matin, on est plus bas en altitude et l’eau doit presque atteindre les 10°… J’en profite pour laver (enfin rincer plutôt) l’un ou l’autre t-shirt dont l’odeur commence à être sérieusement repoussante. Mis à part une autre tente en face et un bateau à moteur qui fait deux trajets sur le lac, on est au paradis.

26 juillet : une dernière bien hard

On quitte le lac pour remonter une vallée à l’environnement assez minéral. Les passages raides alternent avec les replats. Après 3h de montée et 600m D+, on atteint un lac d’altitude dont les vannes permettent de réguler le débit d’eau qui descend la vallée. Il pleut quand on veut manger, pas dingue. On prend sur nous. Pourtant c’était relativement beau ce matin.

Le tour du lac est compliqué, il faut escalader et bien planter les semelles dans les plaques de neiges en pente. Les sentiers sont toujours très bien balisés depuis le début (marques rouges et cairn), c’est un plaisir. On grimpe jusqu’à un replat avant de redescendre puis encore remonter pour passer le col. De là, on voit enfin la route qui passe par Haukaliseter et où le bus doit passer nous prendre après-demain. La fin est proche. On descend à pic vers le lac où on espère trouver un endroit sec où poser la tente. Sur une plaque de neige fort pentue, Paul, le premier, se fait surprendre et dévale sans pouvoir s’arrêter. Il finit bien sur un replat caillouteux. Je m’en sors aussi de même. Par contre, Gab fait malencontreusement tomber Charles dans la pente qui n’a pas le temps de se préparer. Je le freine et il évite le gros rocher, plus de peur que de mal. On a un peu mal géré sur ce coup-là, cela nous apprendra.

On observe avec crainte les gros nuages noirs et ils finissent bien à un moment par déverser une belle averse sur nous. Débat pour savoir si on veut monter les tentes ici ou plus loin. On finit par décider de continuer pour attendre l’accalmie, bonne décision car 10 min après on trouve un bon endroit. On pensait avoir une journée relativement courte et tranquille mais elle s’est transformée en rando bien intense. On est content que la fin approche tout de même.

27 juillet : pluie et glande

On repart ce matin pour notre dernier jour de marche. Demi-jour en réalité. La pluie est impitoyable, pire que tous les autres jours. On commence par marcher 1h de descente jusqu’à la route. Ensuite on a le choix entre le sentier plus ou moins sous eau qui fait un détour ou le bord de la nationale. On choisit la seconde option et on passe en mode machine de marche. Rythme soutenu, capuche enfoncée au maximum, file indienne ; ça ne parle pas beaucoup. Et quand le grand Laurent prend le relai en tête après une pause, on doit presque courir pour le suivre. On avale 6km en une heure pour arriver au petit village d’Haukaliseter. On obtient de pouvoir faire sécher nos affaires dans le séchoir super chaud. Par contre il est déjà saturé d’humidité donc cela aura un effet limité…

On va ensuite se sécher et se reposer dans le réfectoire du gîte qui fait aussi centre d’information. On mange notre pique-nique au sous-sol pour ne pas gêner et on joue aux jeux de carte. Il y a même un aventurier du rail qu’on se fait un plaisir de tester. Les heures passent, la pluie reste. Avant qu’il ne fasse noir, on va installer nos tentes un peu plus loin, à un endroit conseillé par le gîte.

28 juillet : bus et Oslo

Le bus qui doit nous ramener à Oslo passe à midi. Avant cela, on se chille au réfectoire, à jouer aux cartes et à lire. On a 5h de bus avec un long arrêt à côté d’une pizzeria qui nous fait baver. On maintient notre régime parovittas fromage, avec en alternance concombre, sardines, saucissons, choux raves…

Arrivés à Oslo, on se prend un bon grand menu au Mac Donald. On en a rêvé (enfin moi bof mais j’accepte une entorse à mon végétarisme) et on déguste. Laurent s’en veut de n’avoir pas pris de photos de moi, il aurait pu faire du chantage au Kap vert. On marche une heure pour se rendre sur l’île de Bygdoy… Il s’agit d’une zone très spéciale avec des forêts et des prairies. C’est aussi là que se trouve pas mal de musées, dont celui qu’on veut visiter demain. On trouve un coin de prairie où planter nos tentes en espérant ne pas se faire remballer. Comme il est encore tôt, on va se balader. Certains font le tour jusqu’au port avec quelques petits bateaux tandis que Laurent et moi faisons un petit tour dans l’île. La soirée est belle, c’est paradisiaque.

J’ai réussi à motiver les jeunes à essayer la méditation durant le trekking. On a fait 2-3 séances et on en refait une dernière ce soir. 5-10 minutes, pour ne pas les dégouter mais leur faire sentir le(s) concept(s).

29 juillet : Musée Viking et temps libre

On va voir fin de matinée le musée viking qui est sur la presqu’île. D’énormes drakkars sont présentés ainsi que divers objets et histoires. Un film de quelques minutes est projeté sur les murs et le plafond d’une aile du musée. Après 20 minutes, les jeunes ont déjà fait le tour tandis que Laurent veut prendre le temps de tout voir tranquillement. Il pleut un peu pour notre retour à pied vers le centre d’Oslo. On fait quelques petites courses au Coop prix, Laurent arrive à bien minimiser les dépenses et on s’en sort pour 16€. Pas par personne hein, en tout !! On s’est dit qu’on allait faire du porte à porte plutôt que d’acheter, cela nous fera une occupation et on risque de bien s’amuser.

L’aprèm, on laisse chacun libre d’aller où bon lui semble. Les jeunes passent par les supermarchés pour l’un ou l’autre paquet de biscuit ainsi qu’au Hard rock café. Avec Laurent, on préfère se balader le long de l’eau, discuter philosophie de vie et économies d’argent et de dépenses. On va ensuite voir le très bel opéra, grand bâtiment d’un style assez particulier. On finit par aussi craquer pour un paquet de biscuits de 500g à 1€, la qualité laisse un peu à désirer tout de même mais ça remplit la panse.

On prend ensuite le train à 19h, direction l’aéroport. Notre avion n’est que dans 2 jours mais on se dit que c’est mieux de sortir de la ville pour faire du porte à porte et demander l’hospitalité. On marche 1h pour trouver un village qui est en fait très étendu. Les fermes se succèdent dans la campagne, assez distantes pour ne pas entendre son voisin. A la première maison où l’on toque, des polonais nous accueillent chaleureusement et nous indiquent une pièce pour installer nos matelas. En plus, à notre grande joie, ils nous font terminer leurs restes de poulet et de pain. On aura du mal à finir notre couscous ce soir.

Contre toute attente, l’un des polonais un peu éméché sort une bouteille de Martini et veut nous servir de grands verres. Guillaume est le seul à parvenir à refuser. Il parle plus ou moins anglais et on essaie de suivre le fil de sa conversation mais ce n’est pas facile. Il redemande d’ailleurs régulièrement les mêmes questions… On finit par réussir à s’isoler dans notre dortoir. Au moment de s’endormir, ils mettent de la musique super fort à l’étage au-dessus. On est prêt à l’infernale attente mais finalement ils mettent moins fort et on peut s’endormir en paix.

30 juillet : rencontres et opportunités

Les polonais sont moins bavards ce matin. Certains, que l’on n’a pas beaucoup vu hier soir, n’ont pas l’air ravis de nous voir mais ils ne font pas de commentaires tout haut. On les quitte vers 11h et on se remet en route vers le centre du village. On commence le porte à porte par équipes de 2 pour demander d’abord du lait et du pain, puis des biscuits ou tout autre aliment comestible. Même si peu répondent positivement, on finit par avoir quelques provisions sympathiques. Vers midi, on se laisse tenter par une prairie pour jouer au foot. L’habitant de la ferme à côté arrive en vélo, nous regarde jouer, puis nous indique qu’on est sur son terrain et que l’herbe doit bien pousser pour nourrir ses vaches. Il nous explique que ce genre de terrain est une propriété privée en Norvège et qu’on ne peut donc pas y faire n’importe quoi. On le savait déjà mais on joue aux idiots et on s’excuse. On repart ensuite manger sur une table au centre du village.

3 jeunes repartent chercher encore quelques sucreries tandis que les autres jouent aux cartes. Comme il est presque 16h, on se met déjà en quête d’un logement pour ce soir et comme prévu, c’est plus difficile qu’hier. Les refus s’accumulent mais on garde espoir. On finit par toquer chez le fermier qui nous a gentiment chassé de sa prairie hier. Il vit avec sa femme, et son fils a repris l’exploitation de vaches dans le bâtiment à côté. Il nous accueille volontiers sur ses quelques mètres carrés de pelouse, idéal pour monter nos tentes. On mange notre dernier souper pâtes en vitesse car la pluie vient de se mettre à tomber. Le couple de sexagénaire nous demande si on veut quelque chose à manger demain matin. On dit qu’on a tout le nécessaire mais que l’on n’est pas contre un petit supplément. Il nous dit d’être prêt à 9h… sans préciser.

Dernières discussions et jeux dans la tente et dernière nuit dans nos sacs de couchage qui doivent puer la rage, sans parler de nos vêtements. Mais on est habitués, on ne sent plus grand-chose. Uniquement les énormes pets de Laurent qui est infesté de l’intérieur depuis quelques jours. Ce sont des bombes atomiques quand ils sont lâchés dans un endroit fermé…

31 juillet : la fin d’un beau voyage

Comme promis, on est levés à 9h et on rencontre le fermier (père) sur le pas de notre tente. Il nous invite à l’intérieur et là, oh stupeur, une énorme table de victuailles est dressée avec 10 places assises. On n’est crois pas nos yeux. Jus maison, confitures, pain, cracottes, fromage, concombres, fruits, tout y est ! On discute en testant tout ce qui est proposé (le fromage norvégien est tout de même un peu bizarre). Ils voulaient avoir l’opportunité d’en savoir un peu plus sur nous : d’où on vient, ce que l’on fait, pourquoi, etc. On se renseigne en échange sur les traditions norvégiennes et quelques anecdotes locales.

Le fermier fils vient ensuite nous chercher pour une visite chez les vaches. Sentant l’envie des jeunes de découvrir l’intérieur du grand hangar, je lui avais demandé hier soir et il avait gentiment accepté. On doit enfiler des filets de protection des saletés sur nos semelles. Il a acheté récemment un méga ultra robot de traite. Le full automatique qui prend toutes les données, analyse, fait des statistiques, etc. Le fermier doit juste venir contrôler de temps en temps. Les vaches font la file pour donner leur lait et elles peuvent ensuite aller dans la zone avec du fourrage. L’automatisation est impressionnante, je me garderai des jugements hâtifs. On imagine bien que son horaire était bien plus pesant avant avec deux traites par jour.

On quitte en fin de matinée nos hôtes pour rejoindre l’aéroport à pied. On pique-nique juste au bout de la piste d’atterrissage (de l’autre côté de la grille qd même) et on voit des avions décoller à 500 mètres de nous.

Nos chemins se séparent un peu avant le terminal, je dois en effet faire du stop direction Oslo pour descendre vers Larvik où je retrouverai mes parents dans 48h.

Epilogue : du stop, de l’hospitalité et de la contemplation

Me voilà au bord d’un début de nationale avec mon pouce levé, mon gros sac à dos et quelques restes de nourriture du trekking. Il parait qu’il est très difficile de faire du stop en Norvège. Un premier gars me fait penser que non car il me prend alors que je suis là depuis 5 minutes. Il me dépose le long de la ceinture d’Oslo sous un gros déluge. Je me poste à un arrêt de bus et retente ma chance, avec une feuille de papier miteuse pour annoncer mon chemin. Un jeune papa m’accepte dans sa magnifique voiture électrique. Ici en Norvège, elles sont très nombreuses et témoignent des avantages financiers qui ont été mises en place pour ceux qui en acquièrent une. On fait un petit stop chez un de ses amis pour récupérer un truc, puis on roule jusque Drammen (1h de route). Il me demande où je vais dormir car il est 17h. Quand je lui dis que je n’en sais rien, il essaie d’appeler une amie pour m’héberger mais cela ne marche pas (après 20min au téléphone à parler Norvégien). Il me dépose donc à la gare, pas très pratique pour moi car il n’y a pas de maisons… Je bouge à l’aveugle en essayant d’atteindre un quartier résidentiel. Je demande à quelques apparts mais sans succès.

Passé un parc, j’arrive sur les hauteurs avec de belles baraques. J’ai beau arborer mon plus grand sourire, demander en suppliant presque et insister de temps à autre en disant que 2m² me suffisent, rien n’y fait, personne ne veut de moi. Une jeune (qui a de la famille et ne peut donc pas) me souhaite bonne chance et m’assure que je vais trouver, j’ai une bonne tête et un grand cœur me dit-elle. J’utilise toute la bonne volonté et le courage encore en moi pour continuer, même après 35 refus. Finalement, un père de famille, après consultation de sa femme, m’accueille à l’étage de la petite annexe. C’est la salle de jeux avec quelques mètres carrés libres, juste ce qu’il me faut. Ils ont fini de manger (et fini le plat), et je me chauffe donc une portion déshydratée reçue en trekking il y a 6 jours. Pas de quoi me faire exploser la panse mais bien de quoi calmer les cris de mon ventre.

Je vais profiter des derniers rayons de soleil en lançant quelques frisbees dans les paniers de disc golf. C’est plus drôle et challenging à deux mais je me contente de mon moi-même ce soir. Un peu de méditation et retour à la maison pour un gros dodo.

1er juillet : attente et générosité

Après un petit dèj simple, me voilà de retour à l’entrée de l’autoroute pour continuer vers le sud. Une feuille dans une main pour indiquer ma direction, je suis fin prêt et confiant. 15 minutes… 30 minutes… 1h… toujours personne pour me prendre. Pourtant pleins de gens ont de la place et prennent l’autoroute… Peut-être vont-ils au boulot pas loin… ou alors c’est la réputation de la Norvège qu’ils ont à cœur de tenir. Finalement un type me prend, mais je me rends compte après le tournant qu’il va dans la direction opposée, il retourne à Oslo !! Je me dis qu’au moins je bouge de cet endroit de malheur. Je lui demande de me déposer à la 1ère station essence.

Je marche dix minutes pour passer de l’autre côté de l’autoroute et demande aux gens dans leur voiture. C’est la bonne technique pour aujourd’hui, un bulgare m’embarque presque jusqu’à ma destination finale. On passe juste voir un de ses potes pendant 15min. Il est midi et suis à 12km de Larvik où mes parents arrivent demain aprèm. Plein de temps libre donc. Je me dis que ce n’est pas plus mal de marcher de me dégourdir les jambes.

Après une demi-heure, j’ai faim et tant que j’y suis, je me dis que je vais faire du porte à porte. Première dame en vue en train de jardiner, je demande et elle me renvoie vers son voisin. Ce dernier me dit de m’installer sur sa terrasse et arrive avec un bon plateau pour le pique-nique. Fromage, pain, juste ce qu’il me faut. C’est un repas de roi de mon point de vue de clochard. Ces victuailles pas si incroyables, me semblent absolument délicieuses. Jeu de notre esprit, ce qui est reçu gratuitement est apprécié au centuple. Je discute avec lui pendant plus d’une heure de mon voyage, de sa situation de vieux à la retraite (il doit avoir plus de 70 ans), de sa vie, des qualités pour être une bonne personne,… On peut tout se dire puisqu’on ne se reverra jamais ! Il me parle aussi de sa collection de timbres et au moment de partir, je lui demande si je peux la voir.  Il me prévient que je vais avoir un choc. Derrière son bureau, dans un petit cagibi bibliothèque, il allume la lumière et je découvre soudain les centaines de classeurs que j’imagine remplis de timbres. Ma stupeur doit être flagrante… il en ouvre un avec des timbres du Congo belge, un autre du Nicaragua entre 1900 et 1950, encore un avec les plus anciens timbres belges. Chaque classeur contient des dizaines de pages avec chacune une trentaine de timbres différents (et parfois avec 30 exemplaire d’un timbre). La bibliothèque contenant au moins 300 classeurs, je suis fasciné. Il a des millions de timbres… Il me montre aussi ses catalogues où sont référencés tous les nouveaux timbres. Pour l’anecdote, il avait posté une annonce en 1980 dans ce magazine relativement connu des collectionneurs, pour demander si des personnes étaient intéressées par des échanges. Résultat : 980 lettres sont arrivées chez lui (et oui, il n’y avait pas encore le mail !)… il a mis quelques années à répondre, et pas à toutes. Il entretient encore des contacts, par lettre, avec quelques personnes de ce temps-là. Il a réessayé en 2005, et moins de 100 lettres lui sont arrivées. Changement d’époque peut-être.

Je le quitte en me disant que cette expérience restera longtemps gravée dans ma mémoire. Je marche ensuite pendant 2 heures jusque Larvik, en passant notamment par une chouette forêt. Je mange un bol de céréales près d’un supermarché et fais une petite pause-sieste. Vers 16h30, je pars en quête d’un toit. Commençons par l’énorme baraque au bout d’un chemin qui commence à mon endroit de pause… au pire je suis jeté comme un clochard mais qui ne tente rien n’a rien. C’est un peu devenu mon leitmotiv : NHA, never hesitate to ask.

Un type d’une quarantaine d’année m’ouvre et j’explique ma situation. On parle un peu de la Belgique mais il me dit qu’il doit repartir travailler et n’a pas de place. Je repars vers d’autres logements à quelques centaines de mètres quand j’entends quelqu’un crier derrière moi. C’est de nouveau mon bonhomme qui me dit qu’il a une solution ! Il me ramène en voiture sur 300 mètres et me montre sa cabane de jardin qui est aménagée avec un lit, une table et des fauteuils, un micro-onde,… C’est en fait la mini salle à teuf de sa fille. Je le remercie vivement. Quitte à tout tenter, je lui dis que je n’ai pas encore mangé… Il réfléchit 10 secondes puis m’invite à entrer dans une autre maison, qui appartient-elle à la grand-mère. Celle-ci vient justement de préparer un repas complet et rajoute juste une place pour moi. Je suis aux anges, en train de manger un festin (ils me forcent à me resservir 3 fois) alors que 15 minutes avant j’étais à la rue. La vie peut être bizarre parfois, et réserver bien des surprises.

La grand-mère ne parle pas anglais, contrairement au père qui m’a accueilli et à son frère (?) qui mange aussi avec nous. Néanmoins, la bienveillance de cette femme est tangible et ressort par les contacts visuels que l’on a. Elle me sourit avec tant d’amour… c’est extraordinaire. Je me revois en France début juillet où les mêmes scènes se déroulaient, le seul changement étant la langue. Elle m’invite (traduction de son fils) à venir déjeuner ici demain matin. J’accepte avec enthousiasme évidemment.

Il me reste quelques heures à tuer avant la nuit et je n’ai rien pour m’occuper, pas même un livre. J’ai demandé si ils n’avaient pas un livre en anglais mais c’est peine perdue. Me voilà à regarder le jardin depuis mon fauteuil bien conformable sur le pas de ma cabane. Moment de méditation parfait. J’ai quand même hâte de retrouver ma famille et de bouger et être actif.

Lorsqu’il commence à pleuvoir des cordes, j’en profite pour prendre une douche en caleçon sous la gouttière. C’est évidemment à ce moment-là que mon hôte décide de revenir me voir… Je suis bien gêné, lui aussi j’imagine. Bah après tout pourquoi pas, doit-il se dire. Ou alors il s’en veut de ne pas m’avoir proposé une vraie douche. Bref, il vient m’apporter quelques délices du supermarché : un jus, une pomme, une bouteille d’eau. L’intention est admirable même si j’aurais pu me passer des déchets générés. Je le remercie allègrement et me sèche avant de reprendre ma place de méditation.

Le lit est si agréable que je m’endors rapidement malgré le fait qu’il est tôt et que je ne suis pas spécialement fatigué.

2 juillet : la fin est un commencement

Comme prévu je rejoins la grand-mère dans sa maison qui me prépare des œufs et une fultitude d’autres délices. On ne se comprend pas verbalement (les autres ne sont pas là) mais par des gestes ça passe. Nouvelle surprise : elle me prépare un tout bon pique-nique, du genre saumon et compagnie.

Je me rends dans le centre à pied, une petite demi-heure. Je déambule près de la mer et dans un parc. Je longe ensuite la baie par des rochers, me pose, redémarre, etc. Je repère la zone d’arrivée des ferrys mais il me reste quelques heures à m’occuper. Je monte donc sur la colline pour avoir une belle vue sur les environs. Il y a pas mal de vent mais l’endroit est sympa. Je fais une petite sieste, médite, observe les nuages et les vagues,… Ça devient dur de ne rien faire :p. J’essaie de manger mon pique-nique le plus lentement possible. Difficile tellement c’est bon.

Enfin, vers 16h, je descends attendre l’arrivée de la famille. Un peu de retard mais ils finissent par débarquer en camping-car. La suite des vacances en Norvège peut commencer.

Conclusion 

Passeport est un groupe absolument génial. On est certain de partir pour des aventures incroyables à chaque raid. En laissant un peu de place à l’imprévu, en s’organisant de manière flexible, on peut avoir de belles idées au moment même et de cool surprises.

Laurent était un accompagnateur idéal, devenu bon ami en 15 jours. Les jeunes étaient enthousiastes, motivés, bons marcheurs, relativement débrouillards. Très peu de critiques à leur faire mais un constat tout de même : c’était à nous à proposer la majorité des idées et des options. Soit les jeunes n’osaient pas, soit ils n’y pensaient pas. Les décisions étaient démocratiques, prises en concertation avec eux, mais Laurent et moi devient penser la majorité car les jeunes ne prenaient pas beaucoup d’initiatives. Notre rôle de soutien et d’accompagnement s’est un peu trop transformé en rôle d’organisateur. Car le but de Passeport Expé est de les préparer au rôle d’accompagnateur. Dommage mais compréhensible. Peut-être avec d’autres caractères cela pourrait se passer autrement.

Introduction

Passeport est un mouvement de jeunesse bruxellois qui propose des activités sportives pendant l’année, des mini-trekkings trois fois par an et puis des grands raids l’été. En rhéto, les jeunes sont mis à contribution pour leur raid d’été. Ils doivent décider et organiser eux-mêmes le trekking. Un ou deux accompagnateurs les suivent et les guident durant l’année. Je n’ai repris le projet que début avril car le précédent accompagnateur n’était pas disponible pour le raid. En quelques semaines, il faut booster les 6 jeunes pour décider des moyens de transports, gérer la location de matos, faire les listes de courses,…

Préférant avoir un autre accompagnateur avec moi, je convaincs Laurent en mai de participer à l’aventure.

Courses chez Färm (pour le vrac bio !) et au Colruyt le 17 matin, répartition de la nourriture dans les sacs l’aprèm, on est fin prêt pour partir.

18 juillet : avion et clochards

L’avion des jeunes vers Oslo est à 15h tandis que le mien est à 19h et celui de Laurent à 20h. Bravo pour la coordination… Les jeunes sont partis en reconnaissance et ont trouvé un petit parc idéal pour passer la 1ère nuit à la belle étoile. On les rejoint vers minuit et on installe nos matelas. On n’ose pas monter les tentes car c’est toujours interdit en ville, même en Norvège. On se lance des « hot combien » et je dois monter sur la statue d’élan et crier « yiiiiiaaaaaahhhhh ». Premier fou rire du voyage quand Laurent déballe son nouveau sac de couchage XXL acheté au décathlon avant de partir. Il lui arrive… au torse !! Probablement une erreur entre la house et le sac de couchage. Il caille bien toute la nuit.

Des toxico ont passé l’aprèm pas loin, il parait qu’ils se baladaient avec une aiguille dans les fesses… ils partent quand on s’endort.

19 juillet : Vers Finse et premiers kilomètres

On a réservé le train pour midi. Il faut qu’on ait le temps d’acheter de l’essence blanche pour nos réchauds MSR. Laurent en profite pour racheter un sac de couchage un peu plus grand… Ensuite on se pose à un autre parc avec des jeux d’échecs géants, une sorte de slackline, notre frisbee et un réverbère à escalader.

On a 4h de train jusqu’à Finse, village au bord du parc national et d’où s’offre une magnifique vue sur le glacier. On est déjà à 1200m d’altitude. On a failli oublier la carte dans le train d’ailleurs.

On démarre sans tarder sur le sentier qui contourne le glacier. Le sol est gorgé d’eau de fonte, au point de devenir des marécages de temps à autre. Heureusement des passerelles en bois sont aménagées aux pires endroits. On marche relativement vite malgré les presque 20kg sur le dos. On a essayé de réduire au maximum le poids des sacs mais 10 jours d’autonomie ce n’est pas rien.

On passe le long du lac sur un barrage, on traverse l’une ou l’autre rivière par des ponts en bois, l’ambiance est bonne et il fait grand bleu ! Quelle joie de se dégourdir enfin les jambes. Après 2h30 de marche, on plante les tentes au bord d’un lac. Les moustiques sont présents mais pas si oppressants que cela. Je monte méditer sur la colline avec Laurent, le spectacle est splendide. Menu de ce soir : couscous et sauce déshydratée préparée la veille du départ avec la machine de CapExpé. Pas mauvais mais on aurait dû cuire les haricots rouges avant de les mettre dans la sauce…

Un petit jeu de whist en attendant la nuit et les étoiles qu’on espère voir briller. La nuit, enfin plutôt la légère obscurité, arrive vers 11h. A peine une étoile en vue. On met un réveil à 2h45 en se disant qu’il y aura un maximum à voir à ce moment-là. Mauvaise prévision, toujours rien à voir excepté un ciel bleu foncé.

J’ai un chouilla froid mais la température reste relativement correcte et je me suis bien équipé. Laurent se fout de moi car j’enfile un sous-vêtement thermique, 1 t-shirt et mon polard ainsi que mon sous-vêtement thermique pour les jambes, mon pantalon, des gants, un bœuf et un bonnet. Il faut bien compenser mon sac de couchage pas terrible.

20 juillet : au paradis enneigé

Lever 9h, tranquille. On est un peu lent mais c’est normal le 1er matin. Départ 10h20. On serpente entre les lacs, en légère montée. On travers quelques plaques de neige durcies où les bottines tiennent bien. Mon bâton de marche m’est bien utile. On passe un col et on redescend côté sud, avec moins de neige mais de beaux passages dans les rochers. On croise quelques randonneurs.

On pique-nique au bord d’un lac en face du glacier, endroit paradisiaque. Laurent cherche l’ombre, on a presque trop chaud en plein soleil. La pause se prolonge pendant 2h30 car la sieste est délicieuse au soleil, on dore 1h30. Le sentier descend de plus en plus bas, et on arrive donc dans des marécages. Gare au faux pas car la bottine se trempe alors de l’intérieur, ce qui n’est pas agréable pour la suite (n’est-ce pas Laurent ?). Je suis content de mes bottines mais elles ont des limites, tout le monde fini les pieds trempés. Paul mène souvent la marche, il a du talent pour trouver les meilleurs passages avec des pierres. On passe un pont avec un bon torrent en dessous, impressionnant.

Encore une heure de marche (la 6ème environ) jusqu’à un immense lac qu’on longe pour atteindre le refuge. La dernière heure est vraiment dure pour les nerfs. On n’avance pas si vite avec toutes ses flaques-mares et c’est une attention de tous les instants. Enfin nous voilà en vue des habitations, mais le chemin est barré. On envoie deux émissaires pour faire une reconnaissance mais ils reviennent bredouille : pas réussi à traverser le torrent. On continue donc, et on se rend compte que le chemin balisé mène aussi au refuge… Par contre c’est payant et interdit de planter nos tentes à moins de 150m du refuge. On se trouve un endroit sympa un peu plus loin, il est 20h30 ! Petit débarbouillage dans la rivière et cuisine en vitesse. A la condition qu’il n’y ait pas trop de vent, les moustiques rappliquent quand ils sentent la chair fraiche et la chaleur du réchaud. On se protège comme on peut mais ce soir ce sont de vraies nuées. Pour le soir, on alterne entre pâtes, couscous et riz. Les sauces en poudre Knorr font l’affaire pour le gout et on ajoute en général un oignon et/ou des pois cassés. Ne pas oublier des cubes de bouillon !

Débriefing de la journée avec un tour de table des impressions et des attentes. Ensuite chacun se réfugie dans sa tente (2 pour les jeunes et une pour moi et Laurent). Jeu de carte puis dodo vers 23h30, on est bien claqués.

21 juillet : pluie et marécages

Les moustiques nous assaillent dès le matin car il n’y a pas de vent aujourd’hui. On marche vite pour les semer. Il fait nuageux et on avance aussi pour avoir chaud (il doit faire 10-15°). On monte et on arrive sur un grand plateau avec de belles vues dégagées. Le sentier est un peu plus facile que les autres jours et on peut donc lever les yeux plus souvent plutôt que d’observer les pierres et les flaques du sentier.

On se dirige vers Dyranut où passe la nationale qui relie Bergen et Oslo. C’est quasiment la seule route qu’on croisera. Une heure de marche supplémentaire dans la vallée après le pique-nique avant la pause près d’une cabane. Dom de Capexpé nous a remis précieusement une clé « qui ouvre tous les refuges de Norvège ». On aura beau l’essayer sur tous les bâtiments qu’on croise, elle n’aura jamais ouvert la moindre serrure… Grosse déception du groupe, on s’imaginait tellement découvrir des trésors dans des cabanes.

Il nous reste 2h30 de marche dont une belle montée. La pluie s’est remise à tomber et on s’enferme dans nos capuches. Le sol est devenu lac, mais vient un moment où les chaussures ont atteint la saturation. On peut marcher sans stress dans les marécages, cela ne change plus rien. Les bottines de Paul font un beau bruit du genre « flotch flotch ». On est soulagé en voyant enfin le refuge qui était indiqué sur la carte. La joie est de courte durée quand on se rend compte qu’il est fermé… heureusement une cabane de survie à côté nous permet de nous mettre au sec sur un plancher. Ce n’est qu’une petite vingtaine de mètres carrés mais c’est déjà beaucoup. On cuisine à l’intérieur et on essaye de faire sécher ce qui peut l’être. Dodo à 19h car tout le monde est crevé. Je fais une dernière manille avec Laurent avant de sombrer dans le sommeil.

22 juillet : brouillard et éclaircie humaine

Après une nuit de 14h (oui oui !!), on est frais pour une nouvelle journée de marche. Le matin, on a le choix entre du porridge (les flocons d’avoine en vrac ça ne coûte rien et ne pèse rien. Un peu de sucre et c’est excellent), du muesli ou des crunchy. Les marécages d’hier ne se sont évidemment pas asséchés, mais de toute façon nos bottines sont encore trempées d’hier… Ce matin, on doit même traverser une rivière en enlevant nos chaussures car il n’y a pour une fois pas de passage sur les pierres. Le courant est puissant, les bâtons sont utiles. On arrive sur un plateau assez plat couvert de brouillard. On garde un bon rythme de marche pour ne pas avoir froid. Une pause spéculoos sur la matinée, rien de plus.

On pique-nique après 3h30 de marche, il nous reste 1h30 de descente jusqu’au refuge d’Hadlesgard. On dit bonjour au gardien qui ne parle pas anglais. Des touristes norvégiens arrivent et une dame nous fait gentiment la traduction. On obtient de pouvoir sécher nos affaires (chaussures et chaussettes puantes comprises) au-dessus du poêle, le rêve ! Voulant compenser, on achète 5 sachets de chocolat chaud qu’on déguste dans des tasses du refuge. Cela nous permet de nous asseoir dans le réfectoire au chaud. C’est assez luxueux comme refuge, on ne se sent pas trop à notre place. Certains des touristes nous regardent bizarrement, d’autres nous sourient. On analyse la carte et on joue aux cartes. Quand une touriste vient nous demander de bouger nos affaires sèches pour laisser de la place aux autres on est désolé, on avait oublié que d’autres ont aussi des affaires mouillées. Le gardien nous invite à installer nos tentes juste à côté, trop sympa. On profite aussi d’avoir accès à de vraies toilettes.

23 juillet : Ascension du Harteigen

Dès le réveil, la dame qui parle anglais vient nous proposer de finir le porridge qu’ils n’ont pas terminé. On se délecte de cette nourriture supplémentaire, sachant qu’on est souvent assez juste niveau quantité. On ne crève pas de faim mais on pourrait manger plus, tant le matin que le midi et le soir. Pendant qu’on replie nos tentes, elle vient encore nous offrir des portions de nourriture déshydratées en sachet, poids minimal pour une énergie optimale ! On accepte volontiers et on leur donne en échange 1L d’essence qu’on a en trop. Dom nous avait conseillé une demi-bouteille par jour mais c’est beaucoup trop ! On aura fini par consommer 2L en tout. On comprend petit à petit que le gardien nous a pris en sympathie et on prend une photo souvenir avec lui. Il est grand et massif mais tellement doux et ouvert, bien que ne parlant pas notre langue. Au moment de partir, après une poignée de main chaleureuse, il me glisse dans la main un billet de 500 couronnes, équivalent de 50€ ! J’essaie de refuser mais il insiste et je mets tout mon cœur à le remercier. Quel homme extraordinaire.

On remonte la vallée vers le sommet du parc national, le mont Hårteigen.  L’ascension nous prend 3h pour 500m de dénivelé. Gilles pars devant mais nous a toujours en vue, comme demandé l’autre jour. On grimpe les plaques de neige avec précaution car la pente est assez forte. Le sommet est inaccessible (c’est de la pure escalade) mais la vue est déjà incroyable du sentier à 1600m. En haut, le vent est fort et on trouve une corniche où s’abriter pour pique-niquer et observer le panorama.

On redémarre après quelques photos et 1h de pause. On marche 1h30 entre la neige et les ruisseaux. Il faut faire attention que les plaques de neiges ne rompent pas sous nos pieds et ne nous envoient dans la flotte. On s’arrête au bord d’un grand lac à 1400m d’altitude lorsqu’on déniche un endroit abrité du vent. Il est 16h et on est bien, au soleil. Sieste et observation des environs, notamment les icebergs sur le lac. Les jeunes trouvent une vasque juste en aval du lac. Ni une ni deux Gabriel et Paul prennent le challenge d’aller complètement dedans. Une eau de fonte à 1400m d’altitude avec des icebergs dans le lac, c’est un tout petit peu frisquet… j’estime l’eau à quelques degrés. Paul y parvient le premier, suivi de Gab. Je veux défendre l’honneur des accompagnateurs et passe mon cerveau en mode off. Une pompe dans l’eau glacée, tête comprise, yes !!

On joue à Loup-garou et Time bomb ce soir. J’ai depuis le début de très chouettes discussions avec Laurent sur son voyage d’un an, sur le raid, la méditation, la vie. On s’écoute et on se comprend sans spécialement toujours partager le même point de vue, c’est génial.

24 juillet : une journée de plus au pays des paysages somptueux et… de la pluie

Il pleut un peu ce matin, on ne s’éternise pas. On a 2h de marche jusque Litlos légèrement en descente. On est autorisé à s’asseoir dans le salon du refuge pour pique-niquer, trop chouette. Tant qu’on est là, on n’a aucune envie de retourner dans la pluie dehors et la pause se prolonge avec un jeu de carte. Le sentier de cette aprèm longe un lac, puis un deuxième. Charles a un peu mal au tendon d’Achille, avec d’autres chaussures cela va mieux. Les organismes commencent à fatiguer après 6 jours de marche. D’un autre côté, la marche devient naturelle, presque automatique. Le sac s’allège petit à petit et c’est devenu une seconde nature de le porter. On n’a plus besoin de pauses non plus, quoi qu’on adore toujours autant manger les snacks…

Chacun à son tour doit raconter une histoire anecdote pour faire passer le temps. Les bottines sont relativement sèches depuis 2 jours, c’est agréable. On trouve une zone d’herbe sympa pour installer nos tentes au bord du lac après 3h de marche depuis le refuge. On voit un autre couple un peu plus loin et quelques touristes en canoë mais globalement il y a peu de monde sur ces sentiers. Comme les derniers jours, on est dans nos tentes assez tôt.

25 juillet :

On continue à longer le lac sur des éboulis qui sont rudes pour les chevilles. En plus ça glisse. On cherche des gens à qui donner la carte du jeu de carte qu’on a oublié dans notre poche en quittant le refuge hier midi. Mais personne n’a l’air de passer par là. On croise un groupe de jeunes néerlandophones sympa avec qui on parle quelques minutes. Une énorme table de pierre est idéale pour le pique-nique, on se demande comment ils ont bien pu la placer là…

On continue de descendre dans la vallée vers un autre immense lac. Les paysages sont toujours aussi magnifiques, on se délecte à chaque instant. En plus aujourd’hui il fait beau. Après un sentier dans la forêt (pour une fois), on passe par une route et un parking avant de longer la rive. Il doit bien y avoir un sentier au lieu de ces rochers éreintants et je pars donc à sa recherche, un succès après quelques minutes. Le sentier est couvert de grosses pierres, ce n’est donc pas si facile, mais c’est déjà mieux et c’est relativement plat. On trouve finalement un endroit où planter notre tente, encore une belle journée de marche. Les cascades sur la montagne en face sont vraiment hautes et fascinantes bien qu’on les voie de loin.

Tout le monde nage ce matin, on est plus bas en altitude et l’eau doit presque atteindre les 10°… J’en profite pour laver (enfin rincer plutôt) l’un ou l’autre t-shirt dont l’odeur commence à être sérieusement repoussante. Mis à part une autre tente en face et un bateau à moteur qui fait deux trajets sur le lac, on est au paradis.

26 juillet : une dernière bien hard

On quitte le lac pour remonter une vallée à l’environnement assez minéral. Les passages raides alternent avec les replats. Après 3h de montée et 600m D+, on atteint un lac d’altitude dont les vannes permettent de réguler le débit d’eau qui descend la vallée. Il pleut quand on veut manger, pas dingue. On prend sur nous. Pourtant c’était relativement beau ce matin.

Le tour du lac est compliqué, il faut escalader et bien planter les semelles dans les plaques de neiges en pente. Les sentiers sont toujours très bien balisés depuis le début (marques rouges et cairn), c’est un plaisir. On grimpe jusqu’à un replat avant de redescendre puis encore remonter pour passer le col. De là, on voit enfin la route qui passe par Haukaliseter et où le bus doit passer nous prendre après-demain. La fin est proche. On descend à pic vers le lac où on espère trouver un endroit sec où poser la tente. Sur une plaque de neige fort pentue, Paul, le premier, se fait surprendre et dévale sans pouvoir s’arrêter. Il finit bien sur un replat caillouteux. Je m’en sors aussi de même. Par contre, Gab fait malencontreusement tomber Charles dans la pente qui n’a pas le temps de se préparer. Je le freine et il évite le gros rocher, plus de peur que de mal. On a un peu mal géré sur ce coup-là, cela nous apprendra.

On observe avec crainte les gros nuages noirs et ils finissent bien à un moment par déverser une belle averse sur nous. Débat pour savoir si on veut monter les tentes ici ou plus loin. On finit par décider de continuer pour attendre l’accalmie, bonne décision car 10 min après on trouve un bon endroit. On pensait avoir une journée relativement courte et tranquille mais elle s’est transformée en rando bien intense. On est content que la fin approche tout de même.

27 juillet : pluie et glande

On repart ce matin pour notre dernier jour de marche. Demi-jour en réalité. La pluie est impitoyable, pire que tous les autres jours. On commence par marcher 1h de descente jusqu’à la route. Ensuite on a le choix entre le sentier plus ou moins sous eau qui fait un détour ou le bord de la nationale. On choisit la seconde option et on passe en mode machine de marche. Rythme soutenu, capuche enfoncée au maximum, file indienne ; ça ne parle pas beaucoup. Et quand le grand Laurent prend le relai en tête après une pause, on doit presque courir pour le suivre. On avale 6km en une heure pour arriver au petit village d’Haukaliseter. On obtient de pouvoir faire sécher nos affaires dans le séchoir super chaud. Par contre il est déjà saturé d’humidité donc cela aura un effet limité…

On va ensuite se sécher et se reposer dans le réfectoire du gîte qui fait aussi centre d’information. On mange notre pique-nique au sous-sol pour ne pas gêner et on joue aux jeux de carte. Il y a même un aventurier du rail qu’on se fait un plaisir de tester. Les heures passent, la pluie reste. Avant qu’il ne fasse noir, on va installer nos tentes un peu plus loin, à un endroit conseillé par le gîte.

28 juillet : bus et Oslo

Le bus qui doit nous ramener à Oslo passe à midi. Avant cela, on se chille au réfectoire, à jouer aux cartes et à lire. On a 5h de bus avec un long arrêt à côté d’une pizzeria qui nous fait baver. On maintient notre régime parovittas fromage, avec en alternance concombre, sardines, saucissons, choux raves…

Arrivés à Oslo, on se prend un bon grand menu au Mac Donald. On en a rêvé (enfin moi bof mais j’accepte une entorse à mon végétarisme) et on déguste. Laurent s’en veut de n’avoir pas pris de photos de moi, il aurait pu faire du chantage au Kap vert. On marche une heure pour se rendre sur l’île de Bygdoy… Il s’agit d’une zone très spéciale avec des forêts et des prairies. C’est aussi là que se trouve pas mal de musées, dont celui qu’on veut visiter demain. On trouve un coin de prairie où planter nos tentes en espérant ne pas se faire remballer. Comme il est encore tôt, on va se balader. Certains font le tour jusqu’au port avec quelques petits bateaux tandis que Laurent et moi faisons un petit tour dans l’île. La soirée est belle, c’est paradisiaque.

J’ai réussi à motiver les jeunes à essayer la méditation durant le trekking. On a fait 2-3 séances et on en refait une dernière ce soir. 5-10 minutes, pour ne pas les dégouter mais leur faire sentir le(s) concept(s).

29 juillet : Musée Viking et temps libre

On va voir fin de matinée le musée viking qui est sur la presqu’île. D’énormes drakkars sont présentés ainsi que divers objets et histoires. Un film de quelques minutes est projeté sur les murs et le plafond d’une aile du musée. Après 20 minutes, les jeunes ont déjà fait le tour tandis que Laurent veut prendre le temps de tout voir tranquillement. Il pleut un peu pour notre retour à pied vers le centre d’Oslo. On fait quelques petites courses au Coop prix, Laurent arrive à bien minimiser les dépenses et on s’en sort pour 16€. Pas par personne hein, en tout !! On s’est dit qu’on allait faire du porte à porte plutôt que d’acheter, cela nous fera une occupation et on risque de bien s’amuser.

L’aprèm, on laisse chacun libre d’aller où bon lui semble. Les jeunes passent par les supermarchés pour l’un ou l’autre paquet de biscuit ainsi qu’au Hard rock café. Avec Laurent, on préfère se balader le long de l’eau, discuter philosophie de vie et économies d’argent et de dépenses. On va ensuite voir le très bel opéra, grand bâtiment d’un style assez particulier. On finit par aussi craquer pour un paquet de biscuits de 500g à 1€, la qualité laisse un peu à désirer tout de même mais ça remplit la panse.

On prend ensuite le train à 19h, direction l’aéroport. Notre avion n’est que dans 2 jours mais on se dit que c’est mieux de sortir de la ville pour faire du porte à porte et demander l’hospitalité. On marche 1h pour trouver un village qui est en fait très étendu. Les fermes se succèdent dans la campagne, assez distantes pour ne pas entendre son voisin. A la première maison où l’on toque, des polonais nous accueillent chaleureusement et nous indiquent une pièce pour installer nos matelas. En plus, à notre grande joie, ils nous font terminer leurs restes de poulet et de pain. On aura du mal à finir notre couscous ce soir.

Contre toute attente, l’un des polonais un peu éméché sort une bouteille de Martini et veut nous servir de grands verres. Guillaume est le seul à parvenir à refuser. Il parle plus ou moins anglais et on essaie de suivre le fil de sa conversation mais ce n’est pas facile. Il redemande d’ailleurs régulièrement les mêmes questions… On finit par réussir à s’isoler dans notre dortoir. Au moment de s’endormir, ils mettent de la musique super fort à l’étage au-dessus. On est prêt à l’infernale attente mais finalement ils mettent moins fort et on peut s’endormir en paix.

30 juillet : rencontres et opportunités

Les polonais sont moins bavards ce matin. Certains, que l’on n’a pas beaucoup vu hier soir, n’ont pas l’air ravis de nous voir mais ils ne font pas de commentaires tout haut. On les quitte vers 11h et on se remet en route vers le centre du village. On commence le porte à porte par équipes de 2 pour demander d’abord du lait et du pain, puis des biscuits ou tout autre aliment comestible. Même si peu répondent positivement, on finit par avoir quelques provisions sympathiques. Vers midi, on se laisse tenter par une prairie pour jouer au foot. L’habitant de la ferme à côté arrive en vélo, nous regarde jouer, puis nous indique qu’on est sur son terrain et que l’herbe doit bien pousser pour nourrir ses vaches. Il nous explique que ce genre de terrain est une propriété privée en Norvège et qu’on ne peut donc pas y faire n’importe quoi. On le savait déjà mais on joue aux idiots et on s’excuse. On repart ensuite manger sur une table au centre du village.

3 jeunes repartent chercher encore quelques sucreries tandis que les autres jouent aux cartes. Comme il est presque 16h, on se met déjà en quête d’un logement pour ce soir et comme prévu, c’est plus difficile qu’hier. Les refus s’accumulent mais on garde espoir. On finit par toquer chez le fermier qui nous a gentiment chassé de sa prairie hier. Il vit avec sa femme, et son fils a repris l’exploitation de vaches dans le bâtiment à côté. Il nous accueille volontiers sur ses quelques mètres carrés de pelouse, idéal pour monter nos tentes. On mange notre dernier souper pâtes en vitesse car la pluie vient de se mettre à tomber. Le couple de sexagénaire nous demande si on veut quelque chose à manger demain matin. On dit qu’on a tout le nécessaire mais que l’on n’est pas contre un petit supplément. Il nous dit d’être prêt à 9h… sans préciser.

Dernières discussions et jeux dans la tente et dernière nuit dans nos sacs de couchage qui doivent puer la rage, sans parler de nos vêtements. Mais on est habitués, on ne sent plus grand-chose. Uniquement les énormes pets de Laurent qui est infesté de l’intérieur depuis quelques jours. Ce sont des bombes atomiques quand ils sont lâchés dans un endroit fermé…

31 juillet : la fin d’un beau voyage

Comme promis, on est levés à 9h et on rencontre le fermier (père) sur le pas de notre tente. Il nous invite à l’intérieur et là, oh stupeur, une énorme table de victuailles est dressée avec 10 places assises. On n’est crois pas nos yeux. Jus maison, confitures, pain, cracottes, fromage, concombres, fruits, tout y est ! On discute en testant tout ce qui est proposé (le fromage norvégien est tout de même un peu bizarre). Ils voulaient avoir l’opportunité d’en savoir un peu plus sur nous : d’où on vient, ce que l’on fait, pourquoi, etc. On se renseigne en échange sur les traditions norvégiennes et quelques anecdotes locales.

Le fermier fils vient ensuite nous chercher pour une visite chez les vaches. Sentant l’envie des jeunes de découvrir l’intérieur du grand hangar, je lui avais demandé hier soir et il avait gentiment accepté. On doit enfiler des filets de protection des saletés sur nos semelles. Il a acheté récemment un méga ultra robot de traite. Le full automatique qui prend toutes les données, analyse, fait des statistiques, etc. Le fermier doit juste venir contrôler de temps en temps. Les vaches font la file pour donner leur lait et elles peuvent ensuite aller dans la zone avec du fourrage. L’automatisation est impressionnante, je me garderai des jugements hâtifs. On imagine bien que son horaire était bien plus pesant avant avec deux traites par jour.

On quitte en fin de matinée nos hôtes pour rejoindre l’aéroport à pied. On pique-nique juste au bout de la piste d’atterrissage (de l’autre côté de la grille qd même) et on voit des avions décoller à 500 mètres de nous.

Nos chemins se séparent un peu avant le terminal, je dois en effet faire du stop direction Oslo pour descendre vers Larvik où je retrouverai mes parents dans 48h.

Epilogue : du stop, de l’hospitalité et de la contemplation

Me voilà au bord d’un début de nationale avec mon pouce levé, mon gros sac à dos et quelques restes de nourriture du trekking. Il parait qu’il est très difficile de faire du stop en Norvège. Un premier gars me fait penser que non car il me prend alors que je suis là depuis 5 minutes. Il me dépose le long de la ceinture d’Oslo sous un gros déluge. Je me poste à un arrêt de bus et retente ma chance, avec une feuille de papier miteuse pour annoncer mon chemin. Un jeune papa m’accepte dans sa magnifique voiture électrique. Ici en Norvège, elles sont très nombreuses et témoignent des avantages financiers qui ont été mises en place pour ceux qui en acquièrent une. On fait un petit stop chez un de ses amis pour récupérer un truc, puis on roule jusque Drammen (1h de route). Il me demande où je vais dormir car il est 17h. Quand je lui dis que je n’en sais rien, il essaie d’appeler une amie pour m’héberger mais cela ne marche pas (après 20min au téléphone à parler Norvégien). Il me dépose donc à la gare, pas très pratique pour moi car il n’y a pas de maisons… Je bouge à l’aveugle en essayant d’atteindre un quartier résidentiel. Je demande à quelques apparts mais sans succès.

Passé un parc, j’arrive sur les hauteurs avec de belles baraques. J’ai beau arborer mon plus grand sourire, demander en suppliant presque et insister de temps à autre en disant que 2m² me suffisent, rien n’y fait, personne ne veut de moi. Une jeune (qui a de la famille et ne peut donc pas) me souhaite bonne chance et m’assure que je vais trouver, j’ai une bonne tête et un grand cœur me dit-elle. J’utilise toute la bonne volonté et le courage encore en moi pour continuer, même après 35 refus. Finalement, un père de famille, après consultation de sa femme, m’accueille à l’étage de la petite annexe. C’est la salle de jeux avec quelques mètres carrés libres, juste ce qu’il me faut. Ils ont fini de manger (et fini le plat), et je me chauffe donc une portion déshydratée reçue en trekking il y a 6 jours. Pas de quoi me faire exploser la panse mais bien de quoi calmer les cris de mon ventre.

Je vais profiter des derniers rayons de soleil en lançant quelques frisbees dans les paniers de disc golf. C’est plus drôle et challenging à deux mais je me contente de mon moi-même ce soir. Un peu de méditation et retour à la maison pour un gros dodo.

1er juillet : attente et générosité

Après un petit dèj simple, me voilà de retour à l’entrée de l’autoroute pour continuer vers le sud. Une feuille dans une main pour indiquer ma direction, je suis fin prêt et confiant. 15 minutes… 30 minutes… 1h… toujours personne pour me prendre. Pourtant pleins de gens ont de la place et prennent l’autoroute… Peut-être vont-ils au boulot pas loin… ou alors c’est la réputation de la Norvège qu’ils ont à cœur de tenir. Finalement un type me prend, mais je me rends compte après le tournant qu’il va dans la direction opposée, il retourne à Oslo !! Je me dis qu’au moins je bouge de cet endroit de malheur. Je lui demande de me déposer à la 1ère station essence.

Je marche dix minutes pour passer de l’autre côté de l’autoroute et demande aux gens dans leur voiture. C’est la bonne technique pour aujourd’hui, un bulgare m’embarque presque jusqu’à ma destination finale. On passe juste voir un de ses potes pendant 15min. Il est midi et suis à 12km de Larvik où mes parents arrivent demain aprèm. Plein de temps libre donc. Je me dis que ce n’est pas plus mal de marcher de me dégourdir les jambes.

Après une demi-heure, j’ai faim et tant que j’y suis, je me dis que je vais faire du porte à porte. Première dame en vue en train de jardiner, je demande et elle me renvoie vers son voisin. Ce dernier me dit de m’installer sur sa terrasse et arrive avec un bon plateau pour le pique-nique. Fromage, pain, juste ce qu’il me faut. C’est un repas de roi de mon point de vue de clochard. Ces victuailles pas si incroyables, me semblent absolument délicieuses. Jeu de notre esprit, ce qui est reçu gratuitement est apprécié au centuple. Je discute avec lui pendant plus d’une heure de mon voyage, de sa situation de vieux à la retraite (il doit avoir plus de 70 ans), de sa vie, des qualités pour être une bonne personne,… On peut tout se dire puisqu’on ne se reverra jamais ! Il me parle aussi de sa collection de timbres et au moment de partir, je lui demande si je peux la voir.  Il me prévient que je vais avoir un choc. Derrière son bureau, dans un petit cagibi bibliothèque, il allume la lumière et je découvre soudain les centaines de classeurs que j’imagine remplis de timbres. Ma stupeur doit être flagrante… il en ouvre un avec des timbres du Congo belge, un autre du Nicaragua entre 1900 et 1950, encore un avec les plus anciens timbres belges. Chaque classeur contient des dizaines de pages avec chacune une trentaine de timbres différents (et parfois avec 30 exemplaire d’un timbre). La bibliothèque contenant au moins 300 classeurs, je suis fasciné. Il a des millions de timbres… Il me montre aussi ses catalogues où sont référencés tous les nouveaux timbres. Pour l’anecdote, il avait posté une annonce en 1980 dans ce magazine relativement connu des collectionneurs, pour demander si des personnes étaient intéressées par des échanges. Résultat : 980 lettres sont arrivées chez lui (et oui, il n’y avait pas encore le mail !)… il a mis quelques années à répondre, et pas à toutes. Il entretient encore des contacts, par lettre, avec quelques personnes de ce temps-là. Il a réessayé en 2005, et moins de 100 lettres lui sont arrivées. Changement d’époque peut-être.

Je le quitte en me disant que cette expérience restera longtemps gravée dans ma mémoire. Je marche ensuite pendant 2 heures jusque Larvik, en passant notamment par une chouette forêt. Je mange un bol de céréales près d’un supermarché et fais une petite pause-sieste. Vers 16h30, je pars en quête d’un toit. Commençons par l’énorme baraque au bout d’un chemin qui commence à mon endroit de pause… au pire je suis jeté comme un clochard mais qui ne tente rien n’a rien. C’est un peu devenu mon leitmotiv : NHA, never hesitate to ask.

Un type d’une quarantaine d’année m’ouvre et j’explique ma situation. On parle un peu de la Belgique mais il me dit qu’il doit repartir travailler et n’a pas de place. Je repars vers d’autres logements à quelques centaines de mètres quand j’entends quelqu’un crier derrière moi. C’est de nouveau mon bonhomme qui me dit qu’il a une solution ! Il me ramène en voiture sur 300 mètres et me montre sa cabane de jardin qui est aménagée avec un lit, une table et des fauteuils, un micro-onde,… C’est en fait la mini salle à teuf de sa fille. Je le remercie vivement. Quitte à tout tenter, je lui dis que je n’ai pas encore mangé… Il réfléchit 10 secondes puis m’invite à entrer dans une autre maison, qui appartient-elle à la grand-mère. Celle-ci vient justement de préparer un repas complet et rajoute juste une place pour moi. Je suis aux anges, en train de manger un festin (ils me forcent à me resservir 3 fois) alors que 15 minutes avant j’étais à la rue. La vie peut être bizarre parfois, et réserver bien des surprises.

La grand-mère ne parle pas anglais, contrairement au père qui m’a accueilli et à son frère (?) qui mange aussi avec nous. Néanmoins, la bienveillance de cette femme est tangible et ressort par les contacts visuels que l’on a. Elle me sourit avec tant d’amour… c’est extraordinaire. Je me revois en France début juillet où les mêmes scènes se déroulaient, le seul changement étant la langue. Elle m’invite (traduction de son fils) à venir déjeuner ici demain matin. J’accepte avec enthousiasme évidemment.

Il me reste quelques heures à tuer avant la nuit et je n’ai rien pour m’occuper, pas même un livre. J’ai demandé si ils n’avaient pas un livre en anglais mais c’est peine perdue. Me voilà à regarder le jardin depuis mon fauteuil bien conformable sur le pas de ma cabane. Moment de méditation parfait. J’ai quand même hâte de retrouver ma famille et de bouger et être actif.

Lorsqu’il commence à pleuvoir des cordes, j’en profite pour prendre une douche en caleçon sous la gouttière. C’est évidemment à ce moment-là que mon hôte décide de revenir me voir… Je suis bien gêné, lui aussi j’imagine. Bah après tout pourquoi pas, doit-il se dire. Ou alors il s’en veut de ne pas m’avoir proposé une vraie douche. Bref, il vient m’apporter quelques délices du supermarché : un jus, une pomme, une bouteille d’eau. L’intention est admirable même si j’aurais pu me passer des déchets générés. Je le remercie allègrement et me sèche avant de reprendre ma place de méditation.

Le lit est si agréable que je m’endors rapidement malgré le fait qu’il est tôt et que je ne suis pas spécialement fatigué.

2 juillet : la fin est un commencement

Comme prévu je rejoins la grand-mère dans sa maison qui me prépare des œufs et une fultitude d’autres délices. On ne se comprend pas verbalement (les autres ne sont pas là) mais par des gestes ça passe. Nouvelle surprise : elle me prépare un tout bon pique-nique, du genre saumon et compagnie.

Je me rends dans le centre à pied, une petite demi-heure. Je déambule près de la mer et dans un parc. Je longe ensuite la baie par des rochers, me pose, redémarre, etc. Je repère la zone d’arrivée des ferrys mais il me reste quelques heures à m’occuper. Je monte donc sur la colline pour avoir une belle vue sur les environs. Il y a pas mal de vent mais l’endroit est sympa. Je fais une petite sieste, médite, observe les nuages et les vagues,… Ça devient dur de ne rien faire :p. J’essaie de manger mon pique-nique le plus lentement possible. Difficile tellement c’est bon.

Enfin, vers 16h, je descends attendre l’arrivée de la famille. Un peu de retard mais ils finissent par débarquer en camping-car. La suite des vacances en Norvège peut commencer.

Conclusion 

Passeport est un groupe absolument génial. On est certain de partir pour des aventures incroyables à chaque raid. En laissant un peu de place à l’imprévu, en s’organisant de manière flexible, on peut avoir de belles idées au moment même et de cool surprises.

Laurent était un accompagnateur idéal, devenu bon ami en 15 jours. Les jeunes étaient enthousiastes, motivés, bons marcheurs, relativement débrouillards. Très peu de critiques à leur faire mais un constat tout de même : c’était à nous à proposer la majorité des idées et des options. Soit les jeunes n’osaient pas, soit ils n’y pensaient pas. Les décisions étaient démocratiques, prises en concertation avec eux, mais Laurent et moi devient penser la majorité car les jeunes ne prenaient pas beaucoup d’initiatives. Notre rôle de soutien et d’accompagnement s’est un peu trop transformé en rôle d’organisateur. Car le but de Passeport Expé est de les préparer au rôle d’accompagnateur. Dommage mais compréhensible. Peut-être avec d’autres caractères cela pourrait se passer autrement.

Je reprends le staff passeport expé l’année prochaine, avec Brieuc mon cokoteur de cette année. Pleins d’idées mais pleins de défis, j’ai déjà hâte !

Julien Hendrix 

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